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Ali Mohamed , le bavard

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1Ali Mohamed , le bavard Empty Ali Mohamed , le bavard 16.08.15 20:52

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ALI MOHAMED, LE BAVARD.

Scénario de Xavier Labrot



Ali Mohamed , le bavard Ali-mo12


Personnages :
Ali Mohamed, ermite,
le Génie,
Fatima,
Raïra,
autre femme,
autre femme.


SEQUENCE 01.- EXT. – JOUR : LE VIEIL HOMME, SA MAISON, SON JARDIN.
(Musique orientale pendant le générique - Plan général du site - une maison blanche de style oriental – un vieil homme sort de la maison en parlant tout seul ; il se dirige vers son jardin – il fait des gestes, parle à quelqu’un d’invisible. - des plans de légumes – un palmier-dattier, des abeilles qui bourdonnent autour – un pied de thé – un pied de menthe – Le vieil homme coupe une seule feuille de menthe et la sent avec ravissement).

Le vieil homme - Une feuille par verre, pas plus !

(Le vieil homme revient vers sa maison – au-dessus de la porte, un panneau portant une inscription en Arabe, et, dessous, la traduction en Français : ermite – Avant d’entrer, il regarde au loin et aperçoit deux hommes progressant dans le sable – il leur fait signe, sans réponse – geste de dépit – il rentre.)

SEQUENCE 02.- EXT. – JOUR : DEUX VOYAGEURS.
(Deux hommes légèrement chargés, avancent dans le sable – Plan-séquence filmé en traveling latéral – arrière plan de dunes).

Premier voyageur – Qui est-ce ?
Second voyageur – Un marabout.
Premier voyageur – On pourrait passer le voir. On ne va plus rencontrer personne avant des jours.
Second voyageur – Surtout pas !
Premier voyageur – et pourquoi ?
Second voyageur – il a mauvaise réputation.
Premier voyageur – Qu’est-ce qu’on lui reproche ?
Second voyageur – On dit que ce n’est pas un saint homme … enfin, pas plus que moi ou toi.
Premier voyageur – pour un marabout, c’est ennuyeux.
Second voyageur – On dit aussi que, pour un ermite, il parle beaucoup trop. C’est d’ailleurs pour le punir de ses bavardages que le Calife l’aurait envoyé ici.
Premier voyageur – Wouaw ! ça, c’est chameau !

(Ils continuent à progresser en silence).

SEQUENCE 03.- INT. – JOUR : PRESENTATION DU VIEIL HOMME.
(Le vieil homme fait chauffer de l’eau ; il sort d’un placard suspendu une boite et un verre)

Ali – C’est bien, Ali, c’est bien ! Un bon petit thé à la menthe bien chaud, y’a rien de mieux pour te rafraîchir… C’est pas la peine d’en faire pour plusieurs … personne ne vient te voir… Pourtant, un ermite, en principe, ça devrait attirer les gens. Heureusement que j’ai mon jardin potager ! Parce que si je devais compter uniquement sur les aumônes et la vente des talismans … ! Tout ça à cause de ce p… de Calife. Que Dieu le bénisse ! (il lève les yeux au ciel) Eh oui, je sais, je parle trop. Mais comment veux-tu apprendre à écouter, quand tu es seul ? Ecouter le vent ? C’est bien joli, mais comment veux-tu que je lui réponde, au vent ? … Oui ! Dés qu’il s’agit de faire de l’esprit, tu es un peu là… Oui ! et l'esprit souffle où il veut, je sais ! je sais !

SEQUENCE 04.- EXT. – JOUR : LA DECOUVERTE.
(Ali creuse dans la terre de son jardin avec un croc. Soudain, un bruit métallique.)

Ali – Qu’est ce que c’est que ça ? C’est pas une pierre.

(Ali se met à genoux et fouille le sol de ses mains ; il en sort une lampe en métal)

Ali – Ah ben ça alors ! Comment a-t-elle atterri ici ? (un temps) Et si … Comme Aladin … comme Sinbad le marin… Tu vois pas qu’il me sorte un Génie. Comme ça, j’aurais quelqu’un avec qui bavarder. On pourrait discuter de théologie, d’astronomie, de jardinage.

(il frotte le dessus de la lampe … Rien !)

Ali – Tant pis ! C’était trop beau !

(Il s’apprête jeter la lampe au loin, se ravise.)

Ali – Je vais plutôt la garder ; elle pourra toujours me servir,… si j'arrive à tirer un peu d'huile de mon palmier.

(il se dirige vers sa maison, la lampe à a la main).

SEQUENCE 05.- INT. – JOUR : L’APPARITION DU GENIE.

(Ali entre et pose la lampe sur la table basse. Il s’approche de l’étagère et pousse quelques objets pour faire une place à la lampe ; il en fait tomber un qui roule vers la table. En maugréant, il se met à genoux et cherche l’objet. Celui-ci s’est arrêté entre deux magnifiques babouches – Regard d’Ali vers le haut – Il voit le Génie qui le regarde d’un air amusé.)

Le Génie – Bonjour Maître !
Ali – Ah ! Qui êtes-vous ?
Le Génie – A ton avis ?
Ali – Vous étiez dans la lampe ?
Le Génie – Exact !
Ali – Pourquoi avez-vous attendu pour vous manifester ?
Le Génie – Après plusieurs siècles passés dans la lampe, il me faut le temps de m’habituer à la lumière. J’ai attendu d’être à l’intérieur de ta maison.
Ali – Du coup, j’ai failli vous jeter.
Le Génie – Je sais !
Ali – Vous ne m’en voulez pas ?
Le Génie – Je m’en fous.
Ali (surpris et comme déçu) – Ah bon !
Le Génie – Toi ou un autre ! peu importe ! je fais mon métier, c’est tout ! Merci quand même de m’avoir libéré … jusqu’à la prochaine fois.
Ali – C’est vrai que ça ne doit pas être drôle tous les jours d’être un Génie. On en parle rarement dans les contes. Je n’avais jamais songé que le grand soleil devait être douloureux au sortir d’une longue nuit. Et puis, l’ingratitude des gens après le troisième vœu … Ca ! ça m’a toujours choqué.
Le Génie – Qu’est ce qui te fait croire que je suis là pour exaucer des vœux ?
Ali – Vous n’avez pas l’air d’être un mauvais Génie.
Le Génie – A ton âge, tu juges encore les génies sur leur mine ?
Ali (inquiet) – Vous n’êtes pas un bon Génie ?
Le Génie – Si ! je plaisante. J’ai bien le droit, non, après tout ce temps ?
Ali – Vous commenciez à me faire peur.
Le Génie (soudain très professionnel, voire blasé) – Bon, assez plaisanté, retour à la routine. Tu as droit à trois vœux. Quel est le premier ?
Ali (surpris) - comme ça, là ?
Le Génie – Ben oui !
Ali – Mais j’en sais rien, moi ! Un ermite, c’est quelqu’un qui n’a plus de besoins, ou, du moins, qui s’efforce de les faire taire. Et vous, vous venez me tenter …
Le Génie – C’est pas mon problème ! t’avais qu’à pas trouver la lampe. Ton premier vœu ? (silence).
Ali (brusquement, comme sans avoir réfléchi) – Une femme …
Le Génie – Premier vœu : une femme ! C’est bizarre ! d’habitude, y a pas besoin d’un Génie pour ça ! … une femme … Et voilà !

(Grande lumière. Une femme apparaît, assise à l’autre bout de la table – zoom lent : son voile ne laisse apparaître que ses yeux).

La femme (minaudant) – Où suis-je ?

Le Génie – Je suis comme toi. Je n’en sais rien… je t’explique rapidement. Moi, je suis le bon Génie qui vient de te faire apparaître, et le monsieur qui est là, c’est ton mari ! des questions ?

La femme – Un peu, mon neveu !

Le Génie (se levant) – Bon ! ben je vous laisse faire connaissance. (il sort en abritant ses yeux avec sa main)… Fuckin’sun !

SEQUENCE 06.- INT. - JOUR : CONNAISSANCE.

Ali (empressé) – Bonjour ! je m’appelle Ali Mohamed, je suis marabout et …
La femme – Moi, je m’appelle Fatima, je suis une excellente cuisinière, à condition d’avoir des produits de qualité.
Ali – Ca tombe bien ! j’ai …
Fatima (l’interrompant) – Est-ce que pourrai avoir des copines, ici ?
Ali – Ici, ça me paraît diff …
Fatima – il me faut des copines pour discuter, parce que j’adore discuter.
Ali (ravi) – Ca tombe bien, moi aussi !
Fatima – Un homme, c’est pas la même chose ! on n’a pas les mêmes …
Ali (approchant la main du visage de la femme) – A l’intérieur, tu peux enlever …
Fatima (lui tapant sur la main) – Pas touche ! (ou touche ta sœur !) Tu as d’autres femmes, j’espère ?
Ali – Non, je te dis, puisque je suis un ermite.
Fatima – Au moins, si tu avais eu plusieurs femmes, j’aurais eu des copines pour discuter. Je te préviens, il me faudra des copines… En attendant, qu’est-ce que tu veux manger ?
Ali (joyeux) – un couscous !
Fatima – Tu as ce qu’il faut ?
Ali – Oui ! Fatima chérie, je vais te chercher tout ça au jardin.
Fatima – et tu as de la viande ? poulet, mouton ?
Ali – Ah non ! j’ai pas de viande.
Fatima – Tant pis, je ferai un couscous aux légumes. Oh, mais quelle pagaïe dans cette maison !

(Ali sort avec un panier)

Fatima – Pff ! un vieux, barbu… et végétarien en plus. … Enfin, il est pas trop mal. Il se tient à peu prés droit et il ne sent pas mauvais de la bouche. J’espère qu’il ne ronfle pas non plus.

SEQUENCE 07.- EXT. JOUR : ALI SE DESOLE.
(Le Génie est assis sur un banc ; Ali s’approche de lui.)

Le Génie – Alors, ça va, Maître ?
Ali – oui et non ! elle dit qu’elle fait bien la cuisine, ce qui reste à vérifier … tenez, vous m’accompagnez au potager ?
Le Génie – Que je t’accompagne au potager … c’est ton second vœu ?
Ali (se récriant) – Ah non ! si vous ne voulez pas venir, vous restez assis … c’était juste pour discuter.

(Le Génie suit Ali au potager).

Ali (reprenant) – Il y a deux problèmes. Ouahad : elle veut des copines ; or, ici, il n’y en a pas. Zouge : je n’ai toujours pas vu son visage ; elle a peut-être la vérole ; elle est peut-être édentée ; elle a peut-être de la moustache ou elle est borgne ; elle est peut-être monstrueuse. Brrr ! Tu me la changerais en ce cas ?
Le Génie - Si tu veux, mais ce serait un second vœu, et sans plus de garantie que pour le premier. Je ne fais pas le S.A.V, Maître !
Ali - C’est quoi, le S.A.V ?
Le Génie - service après vœu.
Ali (geste de la main) – Bon ! laisse tomber. Je la garde … pour l’instant.

(Ali et le Génie reviennent du potager en silence ; s’apprêtent à entrer, quand une voix jaillit de l’intérieur).

Fatima (voix off) – Surtout, ne rentrez pas dans la maison, je suis en train de faire le ménage. Vous allez me mettre du sable partout. Ali chéri ! pose les légumes devant la porte. Je m’occupe de tout.

Ali (ravi) – Vous avez entendu ? elle m’a dit « Ali chéri ».
Le Génie (continuant à réfléchir) – Remarque ! une autre femme, ce n’est pas une mauvaise idée. Ca lui ferait une copine …
Ali – Maintenant, je me méfie. D’ici à ce que vous m’en fassiez une muette … pour bavarder, ce serait pas le top.
Le Génie (même jeu) – Muette ! Ca aussi, c’est une idée !
Ali – Quoi donc ? quelle idée ?
Le Génie – Si tu le veux, Maître, je peux rendre ta femme muette ; ça résoudrait ton problème… au moins en partie ; elle n’aurait plus besoin de copines.
Ali (méfiant) – Mais il faut un vœu pour ça ?
Le Génie – Ah oui !
Ali – je vais réfléchir …

SEQUENCE 08.- INT. - SOIR : APRES LE COUSCOUS.
(Le repas s’achève ; tout le monde a l’air très satisfait).

Fatima – Alors ?
Ali – Un régal, ma femme. Mais où as-tu trouvé cette viande délicieuse ?
Fatima – Nulle part ! tout d’un coup, je l’ai vue dans le bouillon.

(Fatima et Ali portent ensemble leurs regards vers le Génie).

Le Génie (s’essuyant la bouche avec une serviette) – Maître ! je n’aime pas trop le couscous sans viande … mais ne vous en faites pas … c’est cadeau !
Fatima – N’est-ce pas que ta femme est une bonne cuisinière ?
Ali – Il n’y aucun doute la dessus.
Fatima (soudain furieuse) – Alors, sur quoi, il y a un doute ?
Ali – Mais ne te mets pas en colère, Fatima chérie.
Fatima (debout) – Où est-ce qu’il y a un doute ?
Ali (difficilement) – sur ton visage, Fatima chérie. Je ne l’ai toujours pas vu.
Fatima (désignant le Génie du doigt) – C’est pas possible ! Il est toujours là, à me regarder, lui !
Ali – Mais on ne va pas l’obliger à coucher dehors, avec cette chaleur.
Le Génie – Ne vous en faites pas pour moi. Je dors dans ma lampe.
Ali (à Fatima) – Tu vois. Qu’en penses-tu ?
Fatima (méfiante) – Je fermerai moi-même le couvercle.

(Fatima et Ali regardent – de très prés – la lampe.)

Ali – Ca va, vous êtes bien ?
Le Génie (réponse assourdie) – Impec ! Maître ! à demain.

(Fatima ferme le couvercle avec précaution).

Fatima (le visage collé contre la lampe) – Vous entendez ?
Le Génie - …
Fatima (rassurée, mais à voix basse) – Ca va !

(Musique orientale lascive - Ali et Fatima sont assis en tailleur sur le lit bas, face à face – Gros plan sur le visage de Fatima qui enlève lentement son voile – elle est ravissante – Fondu au noir).

SEQUENCE 09.- EXT. – JOUR : LE SECOND VŒU.
(Ali et le Génie marchent côte à côte)

Le Génie – Alors, Maître ?
Ali – Je ne me doutais pas qu’une femme aussi bavarde et autoritaire pouvait être aussi douce, aussi attentive, aussi …
Le Génie – Ca va ! passe moi les détails. Donc tu es satisfait de ton premier vœu ?
Ali – On ne peut davantage. Du coup, je pense que ce serait injuste de ma part de la rendre muette.
Le Génie – J’ai bien une petite idée, mais je n’ai pas le droit de te la dire, tout au plus ....
Ali – Moi aussi, j’ai bien une petite idée, mais je n’ose pas …
Le Génie – Essaie toujours. Si je ne peux pas, je te le dirai.
Ali (expliquant) – Si, au lieu de créer une femme – vous m’avez dit que c’était possible -, vous en créiez plusieurs. Ca ferait des copines pour ma femme et on n’aurait plus besoin de la rendre muette. Je peux vous assurer que ce serait dommage, pour un bavard comme moi.
Le Génie – Mmm !
Ali – C’était ça votre idée ?
Le Génie – Mmm !
Ali (décidé) – En tous cas, c’est mon second vœu. C’est dit !

(Le Génie se dirige lentement vers la maison, prend une profonde inspiration et entre).

Le Génie – Fatima !
Fatima (criant) – Ne me regarde pas ! Vous autres, les hommes, je vous connais. Vous êtes tous des …
Le Génie – Je tourne la tête. Je tourne la tête. Tu peux venir une seconde ?

(Fatima apparaît à la porte, son voile rabattu en arrière, prudente, prête à le rabattre sur son visage).

SEQUENCE 10.- EXT. – JOUR : LES COPINES.
(Fatima sort de sa maison ; elle est éblouie par le soleil et porte sa main à son front ; soudain , elle aperçoit sous un arbre plusieurs femmes assises sur le sol, en train de discuter).

Fatima – Aaaaaaaaa ! (elle se précipite vers les femmes, les bras tendus).
Toutes le femmes – Youyouyouyouyouyou !

(Traveling latéral - Fatima s’assoit à coté de ses nouvelles copines – caresses, embrassades, rires)

Le Génie (air neutre) – Deux !
Ali – Merci pour elle, de tout cœur.
Le Génie – C’était ton voeu exprès, Maître ! pas le mien.
Ali (inquiet) – Parce que ça te contrarie ?
Le Génie – Pas le moins du monde. Pour l’instant, tout va bien.
Ali – Je m’aperçois que je vous ai tutoyé.
Le Génie – et c’est très bien ainsi. Un maître tutoie son serviteur. Et, moi-même, je te tutoie bien !
Ali – Entendu ! je vais essayer de vous tutoyer tout le temps.
Fatima (de loin) – Merci Génie ! et maintenant que vous avez vu mon visage, je ne vous le cacherai plus.
Le Génie (s’incline, puis, à Ali) – Effectivement, elle est très jolie ! … je les réussis assez bien !

SEQUENCE 11.- EXT. – JOUR : GARDER LE VŒU EN RESERVE.
(Ali et le Génie marchent devant la maison)

Ali – Tu sais, Génie, je pense qu’il va falloir construire une grande maison pour loger toutes ces femmes. Je sais que tu pourrais créer un palais en un instant, mais je n’aurais plus de vœu en réserve. Alors, je vais construire une maison de mes mains.
La Génie – Maître, je ne suis pas bancal ; je peux t’aider. A nous deux, nous irons plus vite…. C'est moi qui te le propose ; tu ne m’as rien demandé …
Ali – Alors, ça, c’est hyper-sympa. Tu permets ? (Ils s’étreignent).

(Enchaînement rapide de scènes accélérées de construction d’une maison jusqu’à maison terminée : le Taj Mahal).

Le Génie – C’est pas mal du tout.
Ali – Personne ne voudra croire que c’est nous qui l’avons fait. Il n’empêche que tu es drôlement fort en architecture.
Le Génie – C’est normal ! Maître, je suis aussi du Génie.

SEQUENCE 12.- EXT. – JOUR : LA ROBE DE DEUIL.
(Un arbre - toutes les femmes sont assises autour du Génie - Ali est assis à coté.).

Toutes les femmes - Génie ! encore une ! raconte-nous une de tes histoires ! raconte, ne te fais pas prier … Tu racontes si bien.
Le Génie – Bien !
Toutes – Aaaah !
Le Génie - Un jour, je dormais profondément, lové dans ma lampe (Il montre la partie incurvée) cette partie épouse parfaitement la forme de mon dos. Ça vaut tous les matelas. j’ai été réveillé par une femme passablement énervée qui venait de se faire engueuler par son mari parce qu’elle ne faisait pas le ménage et que la maison était sale. Quand elle a compris qu’elle allait pouvoir passer ses nerfs sur un homme – fût-ce un Génie -, son visage s’est empreint d’une cruauté qui m’a terrifié. Savez-vous ce qu’elle m’a demandé ?
Toutes – non !?
Le Génie – Premier vœu : faire le ménage à sa place.
Une femme – c’était une façon d’obéir à son mari.
Le Génie – Attends ! second vœu : tuer son mari … c’était bien la peine !
Ali (effrayé) – Tu as le droit ?
Le Génie – oui, Maître ! mais un seul à la fois, ce qui limite à trois le nombre de personnes que je peux tuer… chaque fois.
Ali (déglutissant) – C’est rassurant !
Le Génie – Remarque que c’était vraiment un pauv’con … sinon, il n’aurait pas épousé cette femme.
Ali – et … tu l’as tué ?
Le Génie – Ben oui ! … Oh, mais tu n’imagines pas le nombre d’hommes qui m’ont demandé de tuer leur femme.
Ali – Oui, mais ça , c’est logique.
Les femmes – Macho ! hou !
Le Génie – C’est vrai ! Mais tout ça n’est rien, attendez un peu ! son troisième vœu a été : une belle robe pour porter avec éclat le deuil de son mari bien-aimé.
Toutes – Oooh ! avec des diamants – en soie – avec des dentelles – et un grand chapeau !
Ali – Mmh ! ça fait réfléchir.
Le Génie - Comme ça, au moins, j’ai pu rapidement réintégrer ma lampe. T’chala !
Raïra – mais quand tu es dans ta lampe, tu ne fais que dormir ?
Le Génie – Bonne question ! personne ne se demande jamais ce que font les génies dans leur lampe. Et bien, ils réfléchissent aussi. Ca fait passer le temps. Quand j’en ai marre, je m’interroge sur la nature humaine,… et je m’endors plus vite.
Ali (impératif) – Raconte nous … (Gros silence)
Le Génie – (Doucement) Ne me demande rien ! tu suggères seulement. Et moi, je comprends. (Reprenant) Un jour, je suis tombé sur un grand philosophe dont je dois taire le nom,… (s'interrompant) non mais, je vous raconterai ça une autre fois.
Toutes – Oooh !

SEQUENCE 13.- INT. – SOIR : DISCUSSION METAPHYSIQUE.
(Ali et le Génie sont assis auprès de la table basse).

Ali – Aujourd'hui, 224ème leçon de théologie ?
Le Génie - Et ta femme ? elle ne va pas tarder à rentrer. Où est-elle à cette heure ?
Ali – Elle discute avec ses copines. Elle est encore plus bavarde que moi.
Le Génie – Maître ! Dés qu’elle revient, je m’éclipse dans ma lampe.
Ali – Tu es un véritable ami. Alors, je commence. Quand le prophète écrit que non seulement Dieu existe, mais encore qu’il est. Comment peut-il en être certain ?
Le Génie – Le Prophète n’a pas besoin d’être certain puisqu’il écrit sous la dictée de Dieu. Voyons les choses autrement. N’oublie pas que Dieu, par définition, est parfait. Tu es d’accord ?
Ali – Bien sûr ! sinon, il ne serait pas Dieu.
Le Génie – Très bien ! Or, écoute moi bien, si Dieu n’existait pas, il serait imparfait.
Ali – Assurément.
Le Génie – Donc Dieu, par le seul fait qu’il est parfait, ne peut qu’exister.
Ali – Tu es drôlement fort en théologie.
Le Génie – Normal ! je suis un Génie. Mais ce n’était pas exactement de la théologie ; c’était plutôt de la Métaphysique. J'explique ! La théologie, c'est la parole de Dieu ; la métaphysique, ce n'est que la parole des hommes.
Ali (s’échauffant) – Tu sais, depuis le temps que nous discutons de tout, je suis devenu savant. Je veux recevoir des pèlerins pour les épater. Qu’en penses-tu ?
Le Génie (un peu inquiet) – C’est un vœu ? Attention !
Ali – Non, non. Laisse tomber ? j’ai rien dit. … J’avais pensé à mettre un fléchage à partir de la route des caravanes. Ermite, par ici ; Ermite, tournez à gauche ; ermite, tout droit. Et puis, j’ai pensé que ce n’était pas possible. Je ne suis plus un ermite.
Le Génie – Maître ! tu pourrais faire une maison d’hôtes. Ca occuperait les femmes … Il n’est jamais bon qu’elles restent oisives.

SEQUENCE 14.- EXT. – JOUR : LE GENIE TOMBE AMOUREUX
(Fatima et Ali sont devant la maison, assis, en train de prendre le thé)

Fatima – Ali !
Ali – Oui, ma tendre épouse.
Fatima – J’ai quelque chose à te dire qui m’embête un peu.
Ali – Dis moi ce qui te trouble, mon aimée.
Fatima – Oh ! ce n’est pas moi qui suis troublée.
Ali – Alors qui ?
Fatima – Ton ami, le Génie.
Ali (soudain sérieux) – Ah bon ! explique-toi !
Fatima – On croirait pas, à le voir.
Ali – On croirait pas quoi ?
Fatima – qu’il est tombé amoureux.
Ali – Le Génie … amoureux ? et de qui ? (son visage se décompose rapidement, car il croit comprendre).
Fatima (pouffe) –Tu ne devineras jamais.
Ali (en tremblant) – il n’est pas amoureux de toi, au moins ? parce que moi … le troisième vœu … et plouf ! … dans la lampe.
Fatima (surprise) – Bien sûr que non ! il est amoureux d’une femme de son âge ! enfin, de l’âge qu’il semble avoir, puisqu’on ne connaît pas son âge.
Ali – Et c’est qui ?
Fatima – Raïra.
Ali – Je ne vois pas, c’est laquelle ?
Fatima – la petite, mignonne, qui a toujours les yeux baissés et qui rapporte sans arrêt des fleurs.
Ali – Comment fait-elle pour trouver des fleurs ici ? à part les fleurs de cactus, une fois par an … ?
Fatima – C’est ce qui m’a mis la puce à l’oreille. Un jour, je l’ai suivie et j’ai observé son manège. Tu devines qui j’ai vu en train de lui offrir des fleurs ?
Ali – Le Génie ! je comprends tout ! Rien ne lui interdit de faire les cadeaux qu’il veut à qui il veut, et quand il veut.
Fatima – Evidement ! Souviens toi de la viande du couscous.
Ali (réfléchissant) – Il faut que je fasse encore plus attention à ce que je dis. Suppose que je formule mon troisième vœu … je brise un amour et je fais deux malheureux. C’est terrible ! Là, ça tourne au drame. C’était pas prévu.

SEQUENCE 15.-  EXT. – JOUR : LE COUP DE THEATRE.
(Ali et le Génie).

Ali – Génie, il faut que je te dise … il y a une chose qui me tarabuste.
Le Génie – Vas-y , Maître !
Ali - il faut bien que je t’en parle.
Le Génie – mais, vas-y, j’te dis.
Ali – Ben voilà. Le troisième vœu.
Le Génie (comme inquiet) – tu as une idée ?
Ali – Oui et non. Pour te dire les choses franchement, je ne veux pas de mon troisième vœu.
Le Génie (comme intéressé) – oui !? Ah bon !
Ali – Génie ! moi et ma femme, nous t’aimons, et nous ne voulons pas que tu t’en ailles. Tu as du remarquer que, depuis que tu as créé les copines de ma femme – ce dont je te remercie encore – je ne t’ai plus rien demandé.
Le Génie – Ca ne m’a pas échappé.
Ali – Souvent, je commence une phrase, et puis je m’arrête pour éviter de prononcer un vœu.
Le Génie – Je l’ai constaté plus d’une fois.
Ali – Tu te rends compte, quand on est à table, je ne peux même plus te demander de me passer le sel. Moi qui ai tendance à parler sans réfléchir, je ne vis plus. J’ai tellement peur de te perdre. Bien sûr ! je pourrais te demander des richesses qui feraient de moi l’homme le plus puissant du pays, mais quand je pense que tu disparaîtrais aussitôt dans ta lampe et qu’on ne te reverrait plus jamais, je me dis que je perdrais le bien le plus précieux, ta présence et ton amitié.
Le Génie – C’est la première fois que ça arrive. Je suis très ému. Mais, pour être honnête, je pense que, toi aussi, tu as constaté que je n’étais pas pressé de partir. Souvent, je t’ai interrompu avant que tu ne prononces des mots définitifs. Tu sais, quand je t’ai connu, je me suis dit : « voilà un homme comme les autres ; ça va aller très vite, comme d’habitude.» Et puis, il y a eu ta femme – je l’ai réussie, hein ? – et puis, il y a vous deux, nos conversations, nos travaux ensemble, cet endroit calme et bucolique, ton délicieux thé au miel. J’aurais beaucoup de peine à partir … si je devais partir.
Ali – et tu es sûr que tu n’oublies rien ?
Le Génie – Tu penses à quoi ?
Ali – la même chose que toi.
Le Génie – Tu sais ?
Ali – Oui, depuis quelques temps déjà, et je te félicite ; elle est très jolie.
Le Génie – et tu n’as jamais cherché à tirer parti de cette situation ?
Ali – C’est vrai ! j’aurais pu t’obliger à réaliser tous mes vœux. Tu aurais été contraint d’oublier que je n’ai plus droit qu’à un vœu, tout ça pour pouvoir rester avec Raïra.
Le Génie – Je suis perdu ! tu me tiens à ta merci. Un vœu et je suis comme mort !
Ali – Tu as déjà oublié ce que je t’ai dit de ta présence et de notre amitié ?
Le Génie – Maître ! vous êtes bon, mais vous êtes un homme. J’ai appris à me défier de la nature humaine. Comment vous croire, après tout ce que j’ai vu, tout ce que j’ai vécu ? Vous pouvez changer à tout moment.
Ali – Voilà que tu me vouvoies à présent ?
Le Génie – Quand je dis vous, je pense aux hommes, en général.
Ali - Oooh ! devine qui vient ? Je vous laisse … (en la croisant) Bonjour, Raïra ! Tu viens cueillir des fleurs ?

SEQUENCE 16.- EXT. – JOUR : L’AVEU.

Raïra – Bonjour Génie ! tu n’as pas l’air heureux de me voir. Tu as même l’air triste.
Le Génie – Et toi, en plus, tu es une femme !
Raïra – Oui ! bien sûr ! et alors ?
Le Génie - mais devant toi, toute mon expérience, toutes mes préventions tombent. C’est l’effet de cet effroyable sentiment que je ne connaissais pas … l’Amour ! Je t’aime, Raïra. C’est épouvantable, mais je n’y peux rien ! je n’ai plus aucun pouvoir sur moi-même, je suis totalement désarmé. Toi aussi, tu me tiens à ta merci.
Raïra – Mais pas du tout ! c’est moi qui suis à ta merci ! tu viens de dire que tu m’aimais ! j’ai espéré cet instant dés que je t’ai vu. Tu n’auras jamais rien à craindre de moi. Tu dis que je suis une femme, mais en réalité, je ne suis pas plus humaine que toi, puisque nous sommes, tous les deux, nés de sortilèges.
Le Génie – C’est vrai ! nous éprouvons un sentiment qui n’appartient qu’aux hommes et, du coup, nous leur appartenons.
Raïra – Je ne comprends pas très bien ce que tu dis. Moi, je t’appartiens ! Et toi, tu m’appartiens un peu, aussi !

SEQUENCE 17.-  EXT. – JOUR : EPILOGUE.

Ali (l’appelant) – Génie ! J’ai trouvé la solution. Ecoute-moi bien ! (solennellement) Génie, mon troisième et dernier vœu est … que, de notre vivant, tu n’aies plus à retourner dans ta lampe. Comme ça, tu pourras rester avec nous, ici, jusqu’à notre mort.
Le Génie – Tu veux m’affranchir ? Maître ! tu es génial ! c’est la dernière fois que je t’appelle « Maître » ! tu sais combien ton vœu rencontre le mien ! Sois-en remercié. (grosse inspiration) Qu’il soit accompli ! (Vive lumière. Le Génie et Raïra se précipitent l’un vers l’autre pour s’embrasser).
Ali – (rasséréné) Ah, je suis enfin libre, moi aussi ! maintenant je peux formuler sans crainte mon quatrième vœu. Génie ! avec le pouvoir de persuasion qui te caractérise, explique à ma femme ce que j’attends d’elle.
Le Génie – Tout à l’heure, Ali, tout à l’heure…

(Quelques instants plus tard, Ali parle à l’oreille du Génie ; celui-ci sourit)

Ali – Va ! et je compte sur toi !

SEQUENCE 18.- EXT. – JOUR : RETOUR A L’ORDRE.

(Le Génie parle à l’oreille de Fatima ; celle-ci l'écoute, puis, brusquement, fronce les sourcils).

Fatima – Ah ! ça ! tu lui diras qu’il n’en est pas question.

(Geste d’impuissance amusée du Génie – Fatima s'éloigne en agitant les bras – musique.)

Voix off – Et voilà, tout rentre dans l’ordre humain ; c’est à nouveau la femme qui exauce les vœux, mais seulement quand elle veut.

FIN

(A rajouter, éventuellement)
- un jour, il est malade ; il se refuse à réclamer des soins, mais le Génie le soigne … gratuitement.-→ une profonde amitié nait entre l’ermite et le Génie.
- il mangent et boivent (du thé) ensemble ; ils se racontent des histoires et se marrent tout le temps.
- Un jour, sans qu’Ali lui ai rien demandé directement, le Génie fabrique un jeu de cartes ; ils peuvent jouer à trois (avec la femme).

https://scenars83.1fr1.net

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