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ou pourquoi faudrait-il se lever ?

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REVEIL DIFFICILE
ou Pourquoi faudrait-il se lever ?
de Xavier Labrot



Personnages :
- l'homme,
- l'ombre.

Scène unique - intérieur - très sombre.  (Lent panoramique sur la chambre à coucher : livres, ordinateur, cendrier, canard enchaîné, tasse vide avec mégots - réveil - lit dans lequel un homme dort).
(Retour sur le réveil - il marque 7h59 – le dormeur ouvre un oeil – sa main appuie sur le réveil – il referme les yeux).
( La porte s'ouvre ; une ombre - que l'on distingue très mal - entre lentement et s'approche du dormeur ; elle le regarde, puis se racle la gorge).
(le dormeur ne réagit pas ; l'ombre étend la main vers lui et le secoue - pas de réaction)


L'ombre - Il est l'heure.
L'homme - (grognement)
L'ombre - Je sais très bien que tu as arrêté ton réveil. Alors, j'ai dû venir moi-même.
L'homme - j'ai sommeil (il se soulève péniblement).
L'ombre - Normal ! ... quand on joue à l'ordinateur jusqu'à 3 heures du matin.
L'homme - pffff ! (il se laisse retomber).
L'ombre - Bon ! maintenant, tu dois te lever, même si c'est dur.
L'homme - Tu dors jamais toi ?
L'ombre - Si ! exactement comme toi, ... enfin presque ! … tu dois aller travailler.
L'homme - pfff ! Vivement la retraite.
L'ombre - Quand tu seras à la retraite, je ne viendrai pas te réveiller pour aller au travail. Je te le promets. Mais en attendant ...
L'homme - C'est ça. Attends un peu !
L'ombre - Ah ! tu fais de l'esprit ! c'est signe que tu es réveillé. Alors debout !
L'homme (se retourne et s'assoit dans son lit) - OK ! explique-moi pourquoi je dois me lever.  
L'ombre (doucement) - parce qu'on t'attend ... parce qu'on a besoin de toi ... parce que tu l'as promis. (S'échauffant) parce que si tout le monde faisait comme toi, il n'y aurait rapidement plus rien à manger sur terre... et alors, tu serais bien obligé de te lever. Emmanuel Kant l'a très bien expliqué.
L'homme (buté) - Justement ! tout le monde ne fait pas comme moi. Alors j'en profite autant que je peux.
L'ombre (insistant) - Suppose, encore une fois... (s'interrompant) je te signale que pendant ce temps là, l'heure tourne, mais c'est toi qui l'aura voulu. (Reprenant) Suppose que tout le monde fasse effectivement comme toi ?... hein ?
L'homme - Et bien, on avisera à ce moment là.
L'ombre (patient) - Tu ne penses pas que la situation se sera bougrement dégradée ... et qu'à ce moment-là, tu regretteras de n'avoir pas réagi plus tôt ?
L'homme - Tu as raison ! j'aviserai dès demain... mais maintenant... laisse-moi dormir.
L'ombre - Tu prétends avoir envie de dormir ; or, non seulement tu fais de l'esprit, mais encore tu philosophes ... Il y a des gens dont c'est le métier ... qui y passent douze heures par jour ...  Toi, tu parviens sans effort à philosopher dans ton lit... et tu prétends être crevé ?
L'homme (essayant de reprendre son sommeil) - C'est quand on est crevé qu'on philosophe le mieux.
L'ombre - Pas d'accord ! Primum vivere, deinde philosophari... D'ailleurs, si tu philosophes tout seul dans ton coin, tu vas vite plafonner. Tu vas tourner en rond dans ta tête. Vivre en philosophe, c'est d'abord vivre, c'est aller au-devant des autres, discuter avec eux ...
L'homme - Et qu'est ce qu'on fait en ce moment ?... même si je ne t'ai pas sonné.  

(Nouveau panoramique de la chambre pendant les répliques suivantes : livres, tasse avec mégots, ordinateur, canard enchaîné).

L'ombre (sans se laisser démonter) - Philosopher, c'est agir, c'est aussi écrire, écrire des livres, mettre ses idées en ordre ...
L'homme (goguenard) - Ah ! l'Ordre !
L'ombre - Oui ! l'Ordre, traquer ses propres incohérences, ... (sentencieux) comme on aime traquer celles des autres.
L'homme (piqué) - Exactement ! je m'accommode très bien de mes incohérences ; je les revendique, mes incohérences, au nom de la condition humaine ... Je vois pas pourquoi je devrais être le seul à être cohérent. Tout le monde est incohérent. Et quand je vois les incohérences des autres, ça me rassure, ça me conforte. (plus doucement) Mais, il y a une chose qui est vraie et que tu ne peux pas contester ...
L'ombre - Ah ! laquelle ?
L'homme - C'est que j'ai sommeil. (long silence)
L'ombre - J'ai encore une bonne raison à te donner.
L'homme (las) - Essaie toujours ! tu vois bien que j'ai réponse à tout. Tu fais pas le poids. Tu devrais pas insister.
L'ombre - Ultime raison : tu vas te faire engueuler ! tu risques même de te faire virer... Tu sais bien que je pressens l'avenir... (sonnerie du téléphone)
Tiens !

L'homme (se lève précipitamment) - Oh putain ! (il décroche) ... Oui madame ! ... oui, je sais ! ... il est 8h15 ... je ... je suis désolé ; mais j'ai été retenu par quelqu'un ... une personne dont je n'arrive d'ailleurs pas à me dépêtrer ... mais j'arrive tout de suite, madame ... merci, madame (il raccroche et se retourne, en colère) Ah toi ! ... ben ! où il est ? (la chaise est vide, un petit carton est posé dessus).
(Il prend le carton et le lit : LACHE, MENTEUR ; il le retourne : ET INGRAT, EN PLUS) (Zoom sur la signature : une plume blanche qui tient avec un point de colle)  

FIN


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